En Colombie, les páramos sont menacés. Ces écosystèmes situés à flanc de montagne sont pourtant un maillon essentiel de la chaîne de l’eau.
Des paysages tropicaux en danger. En Colombie, les páramos sont de plus en plus dégradés. Pourtant leur rôle est essentiel : ces derniers protègent les glaciers de la fonte. Ruisseaux, rivières, sources d’eau… Ces écosystèmes permettent l’accès à l’eau à près de 70% de la population colombienne habitant les Andes. Mais alors, que représentent les páramos en Colombie, et en quoi sont-ils menacés ? Nous vous donnons quelques éléments de réponse.
Les páramos pour sauvegarder les glaciers
Les páramos, en français “plateau” ou “lande”, sont des biotopes de haute montagne. On les trouve essentiellement au Pérou, en Équateur et en Colombie. Le biotope de la cordillère des Andes est situé entre 3000 et 4000 mètres d’altitude.
Ces paysages très humides regorgent de biodiversité, d’espèces en tout genre, et retiennent le carbone. Leur humidité est essentielle pour que la neige puisse tomber et alimenter les glaciers. La Colombie détient à elle seule 80% de ces biotopes.
Le mythe des páramos
Dans la culture colombienne, les páramos sont entourés de mythes et de symboles. Dans le páramo de la Sierra Nevada de Santa Marta en Colombie, les communautés locales se servent de l’écosystème pour se soigner. Aujourd’hui encore, 56% des plantes utilisées en médecine par le peuple des Kogis sont issues du páramo selon Carbono de la Hoz, botaniste colombien interrogé par La Cola de Rata.
Les páramos attirent également la curiosité des archéologues. Certains biotopes font l’objet d’importantes fouilles archéologiques, à la recherche de vestiges des temps incas.
Un écosystème en déclin
Ces paysages disparaissent pourtant peu à peu. En cause : les incendies, la déforestation, mais aussi les activités agricoles et minières par des entreprises nationales et étrangères. L’homme gagne du terrain et ne laisse que peu de répit aux páramos.
La Colombie détient une soixantaine de parcs nationaux. Forêts tropicales, déserts, récifs coralliens… Mais les glaciers montagneux, eux, sont les grands oubliés. Ils sont en effet peu atteignables à cause de leur altitude.
La résistance des paysans et locaux
Les communautés locales sont elles aussi touchées. Les indigènes, mais aussi les paysans, sont menacés d’expulsion. Depuis la conquête espagnole, ils ont migré dans les páramos à plus de 3000 mètres d’altitude.
Mais la résistance s’organise. Face aux multinationales, les communautés paysannes manifestent régulièrement. À Tasco, des actions ont lieu depuis 2013 pour défendre le páramo de Pisba, contre les activités extractives de l’entreprise Hunza Coal.
Une résistante également face aux conflits armés. Le páramo de Sumapaz est un lieu stratégique dans le conflit avec l’ex-guérilla des Farc, qui a officiellement pris fin avec les Accords de Paix en 2016. Face aux nombreuses violations des droits humains, la population a pris le parti de résister de manière pacifique, sous le slogan de « non-collaboration, non-déplacement et non-confrontation ».
Selon la Commission de la Vérité, qui a pour mission de faire la lumière sur le conflit, les paysans peinent aujourd’hui toujours à garantir leurs droits et leur souveraineté.
Johanna Vuadens
Sources :
https://rtvcplay.co/peliculas-documentales/paramos-el-pais-de-las-nieblas
https://biblio.flacsoandes.edu.ec/libros/digital/43566.pdf
https://www.scielo.org.mx/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0188-25032022000100099
https://web.comisiondelaverdad.co/actualidad/noticias/sumapaz-la-eterna-disputa-por-el-paramo
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