Territoires stratégiques: des FARC-EP à l’écotourisme

Dans le cadre du festival Tissant la Paix: au cœur des forêts tropicales, nous publions les 3 postes que nous avons réalisés à ce sujet sur Pazport. Autrefois lieu de prédilection des FARC-EP, les jungles se sont transformées. Depuis les accords de paix de 2016 et la démilitarisation de milliers de FARC, plusieurs territoires n’étaient plus sous aucun contrôle. En conséquence: montée de la violence, et manque de légitimité de l’Etat sur ces zones reclus. De nos jours, certaines de ces zones sont aussi devenues des destinations touristiques. [2/3]

La vie des guérillas dans la jungle

Depuis la formation des guérillas en Colombie, les jungles sont leur lieu de vie par excellence. Avant leur désarmement, les FARC occupaient plus de 30% du territoire colombien selon l’organisation resilience, notamment dans les régions forestières et reculées.

Jusqu’en 2015, presque la moitié des territoires occupés par les FARC se trouvaient dans la forêt amazonienne ou dans les nombreux bois sur la côte Pacifique.

La densité des lieux camouflaient leurs activités quotidiennes et les protégeaient des forces armées du gouvernement ou des milices. Toutes leurs activités économiques illégales étaient compliquées à saisir. Les maquis en pleine jungle leur assuraient aussi une légitimité pour contrôler le territoire localement et nationalement.

Des territoires sans aucuns contrôles

L’Etat n’a jamais réussi à s’imposer dans ces territoires reculés aux sorties des accords de paix. Des groupes armés, allant des paramilitaires aux dissidents FARC, ou encore des financeurs étrangers tentent de contrôler ces territoires depuis la démilitarisation des FARC. Ce combat pour le territoire augmente les violences armées et les activités illégales et destructrices des forêts comme l’extorsion, le trafic de drogue et l’activité minière illégale.

Depuis 2018, plusieurs FARC dissidents ont continué de prendre le maquis. D’autres les ont rejoint après avoir rendu les armes, par manque de sécurité. Après la signature des accords, 137 guérilleros signataires ont été assassinés. Ce chiffre grimpe à 289 en 2021, selon l’ONU.

L’essor du tourisme responsable et respectueux

Même si certains territoires sont encore occupés par des groupes armées, d’autres sont dorénavant accessibles pour le grand plaisir des touristes. A Méta, région située dans la forêt amazonienne, le canyon de Guape s’est métamorphosé. Autrefois une route stratégique pour les guérilleros et le transport de leurs marchandises, les colombien·ne·s et touristes étranger·ère·s se baignent dans ses eaux limpides et admirent les falaises ondulantes.

D’anciens guérilleros se sont reconvertis dans l’écotourisme, un domaine en plein essor. Certains proposent même une immersion en pleine jungle dans un campement de guérilleros reconstruit à l’identique pour les touristes curieux. Une boucle bouclée, transformant des territoires anciennement en lutte en lieu touristique et ainsi de rentabilité économique.

– Erin Rivoalan-Cochet

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